Viens, je t’emmène au vent…

Road Trip Tanger, Chefchaouen, Akchour "Viens, je t’emmène au vent…"

Dans le cadre d’un road trip qui relie la Dream City, Tanger à Chefchaouen, Akchour puis Mdiq, nous avons sillonné les routes pour découvrir les trésors cachés ou dévoilés de notre pays. Nous avons rencontré des personnalités locales, nous avons visité des musées, nous avons déniché de belles adresses et partagé de belles assiettes. De ville en ville, carnet de voyage. 

Tanger rayonne, Tanger passionne 
Idéalement nichée dans le détroit de Gibraltar, Tanger est déjà sous l’Antiquité un important comptoir de commerce. Sa position enviable entre l’Afrique et l’Europe a, depuis toujours, attiré les convoitises des plus grandes civilisations qui s’y sont succédées. Au-delà de ses références mythologiques qui remontent à Noé et Hercule, Tanger est alternativement Phénicienne vers le 10ème siècle. avant J.C, carthaginoise, romaine, capitale de la Mauritanie Tingitane en l’an 42, arabo-musulmane en 683, portugaise de 1471 à 1661, espagnole jusqu’en 1643 et anglaise de 1662 à 1684. Libérée par le sultan Moulay Ismaïl en 1684, elle devient en 1777, sous Sidi Mohammed Ben Abdellah, capitale diplomatique de l’empire chérifien. De 1923 à 1956, elle affiche un statut international avant d’intégrer, en 1960, le Maroc Indépendant. Pour mieux plonger dans son incroyable histoire, nous avons rendu visite à Rachid Taferssiti. Fièrement Tangérois, cet ancien banquier a consacré dix ans de sa vie pour nous offrir deux ouvrages qui relatent les réalités d’un mythe… qui résiste. Face à son livre soigneusement écrit et illustré, l’auteur nous confie : « Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu écrire tout ça.  Je n’avais aucun moyen pour le faire. Je ne suis pas historien, je suis Tangérois comme tous les autres. C’est ma passion, rien d’autre ». Une passion, certes, mais surtout l’expression d’un « nostangique » passionné par l’identité de sa ville et par son patrimoine. 

Décadence et renaissance
Mais remontons le temps. à partir des années 70, une anarchie urbanistique commença à s’installer, masquant peu à peu l’identité et la beauté de la perle du Nord. Elle devient alors le fief des candidats à l’immigration clandestine. Ses nombreuses usines appellent à l’exode rurale et pour compléter le tableau, une frénésie immobilière s’empare de la ville, rayant peu à peu son cachet unique et historique. « Grâce au Roi Mohammed VI, Tanger est sortie de sa léthargie », souligne Rachid Taferssiti… et tous les Tangérois, d’ailleurs. En effet, en 1999, et juste après son intronisation, Tanger accueillait officiellement son Souverain. Cette visite allait tout changer. Du Président Mauritanien Ould Sidi Ahmed Taya à l’Emir du Bahraïn, du Roi d’Espagne Juan Carlos au Président français François Hollande, Tanger retrouvait son aura de capitale diplomatique. Dès le début des années 2000, Tanger est devenue l’arène d’un développement extraordinaire ; projets économiques de taille, réhabilitation du patrimoine culturel, embellissement de la ville, développement du port, réaménagement de la marina mais aussi, une ligne ferroviaire qui relie Casablanca à la nouvelle métropole, en deux heures de temps seulement ! 

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Métropole culturelle
Mais comment visiter Tanger et par où la commencer ? Par ses maisons atypiques, ses lieux de culte extraordinaires et ses personnages historiques ou alors la découvrir dans les dédales de sa Médina? Ses musées et sa Kasbah? 
Tanger est complexe. Tanger est riche. Tanger est originale. La ville aux multiples facettes dévoile ses nombreuses personnalités selon le circuit que l’on emprunte. Vivre au rythme de la Méditerranée, remonter son « bolibar », dîner dans l’antre de l’écrivain Mohammed Choukri au restaurant Eldorado, ou encore se recueillir sur la tombe d’Emily Keene, connue également sous le nom de la Cherifa d’Ouezzane. Ici, les noms étrangers résonnent et Perdicaris n’est pas seulement le nom d’un parc, mais celui d’un richissime homme d’affaires qui avait fait bâtir sa maison dans une forêt d’Eucalyptus, entre ciel et mer. Kidnappé par le brigand Raïssouni qui demanda une importante rançon en échange de sa libération, il fut libéré grâce à l’intervention de Walter Harris Thomson. Ce nom vous dit quelque chose ? Sous sa casquette de journaliste pour le Times Maroc, Walter Harris travaillait en réalité pour les services de renseignements britanniques. Une sorte de James Bond des années 20. Amoureux fou de Tanger, il y fit construire une sublimissime villa qu’il appela Villa Harris. Dans cette bâtisse, se réunissaient plusieurs personnalités des domaines politiques, diplomatiques, économiques et des médias. Une grande partie des décisions liées à Tanger se déroulaient chez lui. Réhabilitée dans le cadre du programme Tanger Métropole, initié par le Roi Mohammed VI, la demeure est désormais inscrite au patrimoine national, accueillant ainsi les personnes souhaitant plonger dans l’histoire de Tanger.

Ibn Battouta ressuscité 
Dans le cadre du programme de réhabilitation et de valorisation de l’ancienne Médina, la SAPT (Société d’aménagement pour la reconversion de la zone portuaire de Tanger) a inauguré un musée entièrement dédié à la mémoire du plus célèbre des voyageurs. « Ce musée vient enrichir l’offre culturelle et touristique de notre ville. D’une part il retrace l’histoire de la dynastie Mérinides (1269) et d’autre part, il nous plonge dans l’univers fabuleux d’Ibn Battouta », nous explique Rajae Elhannach, responsable du pôle culturel de la SAPT. 
Né le 24 février 1304, le Tangérois Abdallah Mohammed Ibn Abdellah Ibn Mohammed Ibnou Ibrahim, dit Ibn Battouta, entame des études en droit coranique. En quête de nouveaux savoirs, il quitte sa ville natale à l’âge de 21 ans pour entreprendre un voyage en direction de la Mecque. En Tunisie, il n’a que très peu de moyens pour subsister, ce qui le précipite dans une violente solitude. Il sera accueilli et hébergé par les populations locales dont la générosité l’encouragera à poursuivre son aventure. En Palestine, il traverse Gaza, Hébron et Jérusalem où il décrit avec précision l’architecture du Dôme du Rocher. De son voyage en Égypte, il découvre la ville d’Alexandrie et s’émerveille devant son phare. Fasciné par les jardins verdoyants de Damas, il en dresse un portrait onirique. En Irak, il visite Tabriz, Mossoul et Mardin mais dans sa description de la ville de Bagdad, il déplore l’état de la cité, jadis symbole du pouvoir califale. En arrivant à Médine, Ibn Battouta se recueille sur la tombe du Prophète Sidna Mohammed (SAS) avant de partir à la Mecque, où il dépeint l’immense beauté de la Kaâba. Ses quatre autres pèlerinages lui vaudront la réputation d’homme de sciences. Si le long voyage d’Ibn Battouta dura 29 ans, on apprend tout au long des couloirs du musée Borj En-Naâm, qu’il a parcouru près de 100.000 kilomètres et visité 38 pays dont l’Andalousie, la Mauritanie, l’Algérie, la Libye, L’Égypte, la Somalie, le Yémen, le Liban, la Jordanie, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, l’Indonésie, les Maldives, les Philippines et la Chine. En l’an 1354, l’explorateur retourna à sa ville natale. Considéré comme étant le premier ambassadeur marocain à l’étranger, son musée commémore aujourd’hui la mémoire de ce Tangérois qui demeure l’un des plus grands explorateurs que le monde ait connus. 
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Un jardin entre ciel et mer
Ce qui, hier encore, était la promesse faite par une petite fille de 5 ans à son papa, devient aujourd’hui la réalité d’un magnifique jardin sur mer. Situé sur les hauteurs du parc Donabo, on se laisse facilement perdre dans ce nouvel espace qui, désormais, offre à Tanger, la plus belle des vues sur le détroit de Gibraltar. « Je me promenais dans cette forêt avec mon père quand on s’est arrêtés sur cette magnifique colline, malheureusement mal entretenue. Alors que papa me faisait découvrir certaines plantes en m’expliquant leurs vertus...», se souvient encore Lalla Malika, « il me confia que derrière ces arbres, se cachait une vue imprenable sur le détroit de Gibraltar. À la fin de cette promenade je lui demandai si cette parcelle pourrait un jour devenir un jardin ? Il me dit oui, bien sûr, tu peux en faire un jardin sur mer, mais ça sera difficile ». Dès lors, ce rêve se mit en place.

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A l’origine du Donabo Gardens, Lalla Malika El Alaoui, une tangéroise de cœur, de famille et de tradition, est accompagnée par son associé britannique, Paul Belvoir. « J’ai eu la chance de rencontrer un grand monsieur, un artiste qui a commencé sa vie dans le domaine de la dinanderie avant de se recycler dans la botanique et la création de jardins exceptionnels », nous dit-elle. Partageant ensemble la même passion, en 2016 ils unissent leurs efforts pour faire de cette parcelle, l’un des principaux joyaux de la ville. Inauguré en juin 2022, le jardin marocain célèbre la tradition du thé. Le labyrinthe des menthes, la délicate roseraie, le jardin chinois paré de symboles ancestraux ou encore le jardin des pollinisateurs, indispensable au cycle de reproduction des plantes, constituent des parcours aussi différents les uns que les autres. Quant au carré de vigne, il nous rappelle que les phéniciens, les grecs et les romains de l’Antiquité, experts alors en production de raisins, y avaient déjà planté des pieds de vignes jusqu’au Cap Spartel, jadis connusous le nom de Cap Ampelusim ou cap des vignes. Dans ce paradis teinté de vert et de bleu, le parcours initiatique compte dix étapes, dont le jardin des piments où certains fruits semblent jouer avec le feu. Cependant, si l’accès de ce jardin botanique est désormais ouvert au public, le pari de réussir un tel projet n’était pas pour autant gagné, ne serait-ce qu’en raison de sa topographie complexe et du climat très venté de la ville. Enfin, après avoir consacré plusieurs années à nettoyer le terrain, le défricher, l’élaguer, soigner sa végétation et protéger les arbres pouvant encore être sauvés, ils introduisirent de nouvelles plantes dont 99% ont fini par survivre et se développer. « Actuellement, nous ne sommes pas loin de 1.000 espèces. C’est à croire que les plantes nous rendent bien le temps qu’on leur consacre », ajoute Lalla Malika qui ne manque pas d’ajouter qu’un « tel projet est un projet de partage qui devient un peu le bébé de tout le monde. Un projet de transmission du patrimoine botanique, de notre art de vivre. D’ailleurs, le thé et la menthe ne sont-elles pas des plantes qui font partie de notre quotidien ? Des plantes que nous aimons, qui nous donnent de la joie et qui sont présentes lors de nos célébrations, qu’elles soient festives ou religieuses ». Aujourd’hui, Donabo Gardens a permis aux abeilles de faire un retour royal. Des séries de papillons que la petite fille n’avait pas revu depuis trois décennies, butinent les fleurs et les oiseaux y ont élu domicile. «Une femelle faucon s’est appropriée un arbre et quitte les lieux dès que l’on commence à être un peu bruyant » nous confie Lalla Malika, en rigolant. 
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Une oasis au cœur de la vieille ville
Attirés par sa réputation sulfureuse, Tanger a toujours été une terre d’accueil pour des peintres, écrivains, cinéastes, musiciens et intellectuels de toutes origines. La tradition semble continuer avec Alex Henry Foster. Auteur-compositeur-interprète et musicien canadien, le porte-parole du groupe Your Favorite Enemies a acquis en juillet 2021, une jolie maison qui se situe à quelques mètres de la très célèbre place du 9 avril*. Dans ses publications, il évoquait un projet de livre : « J’ai terminé la phase d’écriture à Tanger, là où tout avait commencé». Dans une autre publication, on peut lire : « J’ai l’immense joie d’être en route pour le Maroc avec Jeff et Miss Isabel. Je vais y passer quelques jours pour régler les derniers détails d’un rêve qui dure depuis 5 ans (…) ». Mais le plus touchant reste à venir. Dans son texte, Alex dévoile non seulement son nouveau pied à terre tangérois, mais ce qui l’y a conduit. « J’ai l’immense joie de vous annoncer (…) qu’avec mon meilleur ami et fidèle complice, Jeff, nous sommes les nouveaux propriétaires de l’hôtel-boutique «La Maison de Tanger» (…). C’est un rêve que je poursuis depuis un certain temps. Un rêve devenu une réalité improbable (…). Le 2 août marque le 5è anniversaire du moment où j’ai,  pour la première fois, dérivé à Tanger. Dans cette période de grand désespoir, j’étais émotionnellement, physiquement et spirituellement épuisé, mais aussi incapable de voir d’autres raisons pour continuer mon existence plus longtemps. J’étais au plus bas d’une tristesse sans fin (…). Dire que j’ai été accueilli par la nature éblouissante de la ville après avoir chaviré pendant si longtemps serait un euphémisme.
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C’est donc pour moi une sensation exaltante d’écrire actuellement ce message tout en m’imprégnant de l’ambiance singulière de la ville, en surplombant sa baie à partir de la terrasse de l’hôtel et à quelques toits seulement de là où j’étais assis il y a 5 ans, faisant le deuil de mon père, essayant de trouver des réponses à des questions que je n’avais jamais eu le courage de me poser auparavant et espérant pouvoir donner un sens à tout cela. Ces mêmes réflexions qui allaient donner vie à mon premier album «Windows in the Sky». Comme si la magie de la ville avait opéré, Alex ajoute : « Si certains peuvent voir cette nouvelle entreprise comme une façon de boucler la boucle, je vois cette aventure comme une opportunité fabuleuse d’offrir un véritable abri à tous ceux qui recherchent un endroit pour se reposer, pleurer, réinventer leur vie, concevoir ou redéfinir leur voyage personnel. Ceux qui souhaitent embrasser la vie, l’amour, l’amitié (…). Et qui sait, nous aurons peut-être le bonheur exaltant d’assister à une nouvelle génération d’écrivains, de peintres, de musiciens et de visionnaires qui peuvent être inspirés par la générosité de la ville et être touchés par les gens qui font de Tanger, l’un des endroits les plus magnifiquement uniques dans le monde. J’ai foi en l’entité humaine et culturelle de la ville, où tout le monde est quelqu’un, où chaque visiteur est invité à être un ami éternel, peu importe qui nous étions lorsque nous y avons posé les pieds. Peu importe qui nous devenons après notre passage en son sein. Tous transformés, ne serait-ce qu’un peu, par son essence fluide. C’est du moins ce qu’est Tanger pour moi, et pour tant d’autres aussi : une ville refuge intemporelle mais éternelle qui coule à son rythme… Libre (…). N’abandonnez pas… Tanger, qui a été tant de fois abandonnée par le passé, offre désormais un spectacle époustouflant à tous. Flamboyant et plus radieux que jamais». Dans son témoignage, Alex nous invite à nous découvrir, avancer, fouler ses pas et ses pensées. Car cette jolie demeure qui date des années 30 pourrait être un point de départ pour se connecter à l’esprit de la ville. Y puiser sa belle énergie, la découvrir et s’en imprégner dans la douceur d’un hôtel de luxe, où le luxe se traduit aussi par un temps pour soi et par la lumière qu’elle renvoie.

Chefchaouen, la ville vêtue de bleu
En direction des montagnes du Rif, dans le nord-ouest du pays, l’immersion dans un monde repeint en bleu tiendra toutes ses promesses. A première vue, Chefchaouen offre aux voyageurs un spectacle à la fois fascinant et inattendu. Située à 600 mètres d’altitude, au creux des monts Kelaa et Meggou, Chefchaouen tire son nom du mot amazigh rifain Achawen, qui signifie «cornes». Muse pour les photographes, joyau pour les aventuriers et livre ouvert pour les passionnés d’histoire, l’atmosphère y est apaisante. Contre toute attente, vous découvrirez toutes les richesses de ce paradis bleu ; une ville différente de tout ce que l’on a pour habitude de voir. Fondée en 1471 par Moulay Ali Ben Rachid et transformée en forteresse pour protéger les invasions portugaises du nord du Maroc, Chefchaouen était située dans une enclave inaccessible, abritée par les montagnes fertiles, desquelles coulaient de nombreuses sources d’eau. Au cours des 15è et 17è siècles, la ville a accueilli les Maures et Juifs sépharades qui fuyaient l’Espagne. Depuis, interdite aux chrétiens sous peine de mort, seuls Walter Harris Thomson, déguisé en habitant du Rif et Charles de Foucauld, en tenue de rabbin, réussirent à la visiter vers la fin du 19ème siècle. « Elle n’est que vie, richesse et fraîcheur» narrait- il. L’histoire raconte que ses célèbres nuances de bleus émanent donc de cette époque. En effet, il existe au sein des communautés juives, une tradition par laquelle, la couleur bleue représente le ciel, qui à son tour rappelle Dieu. Tandis que certains pensent que les premiers juifs de Chefchaouen ont introduit cette pratique dans le Mellah, d’autres racontent que la plupart des bâtiments de Chefchaouen étaient peints en bleu pour repousser les insectes. Une chose est sûre, il existe à ce sujet, autant d’histoires que de nuances de bleus. Aujourd’hui, dans les ruelles labyrinthiques de la médina, ce doux bleu à la chaux s’étale régulièrement sur les murs, couvre la pierre et glisse sous les pieds. Enveloppant et chaleureux, il dégage une impression de bien-être, comme si toute la ville était un spa… ou une toile signée Myriam Chaiib. La montée jusqu’au lavoir de Ras El Ma est récompensée par un formidable panorama sur l’ensemble du village. La place Outa-El-Hammam est animée par le va-et-vient des badauds et des conversations autour d’un café. Restaurée dans les règles de l’art, la Kasbah est entourée de remparts. Elle abrite un magnifique jardin et, depuis peu, un musée ethnologique qui retrace les us et coutumes de la ville. Datant de la même époque, Al Masjid El-Aadam est caractérisé par un minaret à la forme octogonale, inspiré par la Tour d’Or de Séville. A l’intérieur de son préau, se trouve une fontaine, une vaste salle de prière et une école coranique. C’est aussi dans ses murs que les oulémas portaient allégeance aux souverains alaouites et que les dahirs des sultans étaient lus.

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La vie à Chefchaouen
La médina de Chefchaouen dispose de cinq portes, par lesquelles vos sens seront mis à l’épreuve. Vous serez submergés par les différentes odeurs aromatiques qui émanent des épices et du pain chaud, préparé dans les fours collectifs. Dans les bazars et petites boutiques, l’artisanat est au cœur de la vie des habitants. Primordial, l’art du tissage traditionnel est transmis de père en fils pour fabriquer des vêtements, bonnets, djellabas et tuniques en laine. La grande palette d’articles en cuirs et céramique contraste avec les reflets blancs et bleus des maisons. Des vendeurs ambulants longent les couloirs de la vieille ville, offrant aux passants un délicieux jus d’orange, pour 5 DH seulement. Vous l’aurez compris, le temps semble s’être arrêté dans cette jolie ville, dont les habitants vivent principalement de leur savoir-faire.
« Quand l’imam appelle à la prière, les artisans quittent leurs boutiques sans jamais baisser le rideau, il existe chez nous une confiance totale », explique Hicham, notre guide qui porte fièrement le drapeau de sa cité. Devenue une icône des réseaux sociaux, le nombre de visiteurs qui en foulent les allées ne cesse d’augmenter et malgré cet engouement, Chefchaouen a su conserver un rythme de vie très plaisant. 
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Dar Jasmine, l’histoire d’amour… qui finit bien 
Arrivés à la ville, nous avons choisi de loger à Dar Jasmine. Située dans les hauteurs d’une colline, cette magnifique maison de charme offre une vue panoramique sur la cité. On se croirait face à une fresque surréaliste ! « Notre incroyable aventure est née du lien magique que mon mari et moi avons ressenti en découvrant, grâce à mon père, la magie de Chefchaouen. Nous avons décidé d’y avoir un petit pied à terre. Nous avons trouvé ce petit lopin de terre sur lequel nous avons commencé à construire notre maison. Suite à cela, nous nous sommes dit, plutôt que d’en profiter seuls, pourquoi ne pas en faire une maison d’hôtes et partager notre expérience avec plus de gens ?» nous révèle Yasmine Markouch, la propriétaire des lieux. En faisant des recherches sur Pinterest, elle tombe amoureuse du travail de Kai Interiors, une designer britannique qu’elle contacte aussitôt. « Je lui ai expliqué le projet, elle a pris le risque de venir et ensemble, nous avons beaucoup discuté avant de commencer à travailler à distance. Il y avait des choses sur lesquelles je devais évidemment trancher car, pour elle aussi, il s’agissait d’une nouvelle expérience », ajoute-t-elle. 
Cependant, pour accéder à cette jolie demeure, il faudra grimper les 160 marchent qui séparent le parking de la maison. Et là encore, Yasmine n’a pas manqué d’ingéniosité en construisant des bancs et en faisant appel à des artistes locaux pour égayer le parcours avec des petites fresques « l’idée aussi était d’encourager les artistes, créer des emplois et que tout le monde puisse en tirer profit ». Ici, chaque chambre a un thème qui puise son essence dans le voyage. En effet, la maîtresse des lieux a depuis toujours été inspirée par l’univers du Petit Prince de Saint-Exupéry. Et c’est de là que va naître l’histoire qui, à son tour, va donner vie au design de Dar Jasmine. 
Nous sommes dans les années 30. Christopher, un jeune aviateur anglais survit au crash de son avion dans les montagnes avoisinantes. Jasmine, une jeune fille de Chaouen vient à son secours. Elle le cache chez elle, le nourrit et le soigne. Ils tombent amoureux l’un de l’autre mais une fois rétabli et au risque de se faire capturer, il est appelé à repartir. Durant son exploration du monde, l’aviateur a planté un jasmin dans chaque ville où il attérissait. En conséquence, chaque chambre ou suites de la maison d’hôtes porte le nom de ces pays. De Jaiphur à Adélaïde, en passant par Shanghai, Nairobi, Chefchaouen, Istanbul, Hanoï, Monaco et Kensington. Le long périple de l’aviateur se poursuit désormais avec l’extension de la maison qui offrira bientôt des escales à Kyoto, Menorca, Bali, Bogota, Damas, Venise, Havana et Porto. Et pour aller jusque dans les moindres détails de cette fiction, chaque chambre aura son propre design, avec des vasques à chiner et des meubles à faire faire. Après la seconde guerre mondiale et pendant l’invasion espagnole de Chefchaouen, Christopher peut enfin revenir à Chefchaouen pour épouser sa bien-aimée. « Jasmine est partie vivre à Londres, mais l’appel du pays se fait ressentir. Ils sont donc revenus vivre à Chefchaouen, dans cette jolie maison qui dès lors, devient leur maison familiale », raconte Yasmine qui, pour le moment, ignore encore ses talents de romancière. A partir de 1500 MAD avec petit-déjeuner, il ne fait aucun doute que Dar Jasmine soit la plus poétique des maisons de charme de Chefchaouen. L’atmosphère de luxe décontracté qui s’en dégage, fait de cet endroit, l’une des plus rares expériences hôtelières que vous puissiez trouver sur place. Il est vrai que nous ne sommes pas restés suffisamment longtemps à Chefchaouen pour tout découvrir, mais la principale activité, ici, est tout simplement de se promener et de profiter de la beauté du lieu et de la gentillesse des habitants.

Akchour, le paradis retrouvé
A une trentaine de kilomètres de Chefchaouen et un peu moins d’une petite heure de route, se trouve la vallée d’Akchour. Un des plus beaux sites naturels du pays. Le parc national de Talassemtane attire chaque année, un grand nombre de visiteurs. Ses montagnes majestueuses, ses rivières d’eau cristalline qui coulent en petites cascades et le gazouillis des oiseaux dans sa forêt verdoyante semblent tout droit sortir d’un conte de fées. En traversant ses petits ponts improvisés, en déambulant le long de ses rochers et souches d’arbres enveloppées de mousse verte, on se croirait dans le monde des elfes, décrit par Tolkien dans le Seigneur des Anneaux. « Nous sommes venus de Montréal pour découvrir cet endroit dont nous avions beaucoup entendu parler », nous ont confié Marianne et André, un couple canadien que nous avons croisé durant notre randonnée avec Othmane Ajlamat, notre guide natif d’Akchour.

Il exerce son métier avec passion bien que son rêve se situe de l’autre côté de l’océan. En attendant de le réaliser, il accompagne les aventuriers qui souhaitent découvrir les merveilles de sa région. Ce matin, comme tous les autres, Othmane se lève au rythme du soleil, enfile son sac à dos extensible et déambule la montagne en 7 minutes pour nous rejoindre à l’ermitage. Un écolodge qui mérite notre attention et sur lequel nous allons nous attarder un peu plus loin. Et s’il est une chose à ne pas négliger durant votre randonnée, quel que soit le circuit que vous comptez emprunter, c’est la présence d’un bon guide à vos côtés. Plus précisément, celui qui vous sera recommandé. Pourquoi ? Parce qu’il vous dira exactement où poser le pied quand la roche est glissante et parce que sa présence vous empêchera de vous perdre dans cette jungle épaisse et débridée. Car bien que la nature soit sublime, elle n’en demeure pas moins dangereuse si l’on entreprend de s’y aventurer seul.

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Ermitage d’Akchour
Au milieu de ce paradis perdu, se niche l’Ermitage d’Akchour. Dans l’esprit d’un village enfoui en pleine nature, l’écolodge en pierres et bois, concilie douceur et confort, charme et caractère. Implanté au cœur du Parc National de Talassemtane, il offre à ses hôtes une vue époustouflante sur les cascades et forêts environnantes. En totale osmose avec la nature, l’ermitage invite au ressourcement. En effet, ici, le luxe prend une toute autre dimension. Il se définit par l’enchantement que procure le fait de respirer un air pur, mais aussi la possibilité de se laisser vivre dans cette architecture sur fond de montagne. En guise de déco, des piscines naturelles, des petites cascades, des vues panoramiques et des corridors de montagnes... L’architecture divine des lieux invite à la méditation, à la contemplation. Au silence et aux pratiques spirituelles. « Quelqu’un en pleine forêt, sans livre, sans rien, juste avec la nature qui est entrain de lui enseigner, peut devenir éveillé » nous révèle Saad Zniber, fondateur de l’Ermitage Akchour. « Et le plus grand Maître, c’est la Création», ajoute-t-il en nous regardant bien profond dans les yeux. Des propos bien sentis que nous avons tôt fait d’expérimenter !  D’ailleurs, parmi les activités proposées par l’Ermitage et au-delà des randonnées dans la vallée, de la découverte du Parc de Talasemtane ou des sorties en quad, vous pouvez également assister à des causeries soufies, des rencontres musicales, des cours de yoga et de nombreuses autres pratiques tournées vers soi. De même, lors de notre délicieuse soirée passée à échanger avec Saâd, nous avons eu la chance de découvrir ses peintures, sa musique, son monde. Un monde orienté vers la spiritualité, l’amour, le partage et l’envie de plonger davantage dans son univers. Un univers qu’il met à la disposition de tous et dans lequel nous ne manquerons pas de revenir pour prolonger cette sensation de bien-être intérieur qui nous a enveloppés, dans chaque coin et recoin de cet établissement unique en son genre. 

Pour dormir
Si c’est de grand air dont vous rêvez, vous serez servis quelle que soit l’option que vous choisirez. Si vous êtes de nature romantique, nous vous proposons de passer la nuit dans la suite Zaytouna, un chalet perché dans les montagnes. Par ailleurs, l’écolodge suédois, entièrement conçu en bois, ou le chalet en pierre de taille sont plus accessibles et tout aussi confortables. En famille, l’écolodge propose un service de garderie qui vous permettra de passer des moments privilégiés à deux.

Détente méditerranéenne 
Pour finir notre voyage et nous remettre de nos émotions, nous avons opté pour une parenthèse iodée, sur les flancs de la Méditerranée. C’est ainsi que notre circuit nous a mené au Sofitel Tamuda Bay. L’endroit rêvé pour une escapade authentique au cœur de la Riviera marocaine, se laisse découvrir en période non estivale. Ce sanctuaire paisible offre un vrai sentiment de dépaysement et de sérénité. Outre ses chambres lumineuses et colorées, l’hôtel met à la disposition de ses clients une piscine extérieure, une salle de fitness, un restaurant international, un bar et un espace de jeu pour les enfants. Envie de vous ressourcer ? Situé à quelques minutes de Tétouan, le resort propose d’exaltantes aventures, entre road trips et excursions autour de la région !
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Dossier réalisé par : Khadija Dinia

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