ART : Alaa Eddine Aljem

Grand écran La nouvelle figure du cinéma marocain

ART : Alaa Eddine Aljem
Rencontre. Il avait séduit Cannes en mai dernier avec « Le Miracle du Saint Inconnu », un premier long métrage détonnant et vitaminé. La semaine de la Critique du plus grand festival de cinéma au monde avait été surprise par ce regard drôle et contemplatif d’une société marocaine à la fois absurde et touchante. Rencontre avec Alaa Eddine Aljem, un futur grand du cinéma marocain.
 
 
Dès le premier plan du film, le spectateur sait d’emblée qu’il est en train de vivre une aventure sans pareille. « Le Miracle du Saint Inconnu » raconte comment un voleur campé par le brillant Younès Bouab tente d’enterrer son butin sur une colline, au milieu de nulle part, avant d’être arrêté par la police. Un laps de temps est passé et le voleur, sorti de prison, souhaite récupérer son dû. Il se rend compte que l’endroit est devenu un Saint aussi surveillé que vénéré. Commence une tentative drôle de récupérer l’argent. « J’ai des images, petit, d’espaces comme cela, dans le sud. Des constructions blanches au milieu de nulle part. J’ai souvent demandé ce que c’était, je ne comprenais pas. Une fois en repérage, j’ai demandé à un homme assis à côté d’un saint, ce que c’était. il m’a répondu que c’était un endroit sacré, respecté de tous, mais il n’a pas su me dire comment il s’appelait, qui c’était et surtout depuis combien de temps c’était là », explique Alaa Eddine Aljem. « Des amis algériens m’ont raconté qu’il y avait beaucoup d’histoires comme cela chez eux aussi. Des mausolées bâtis sur des chiens ou des animaux décédés, que l’on vénère sans raison. Je trouvais cela très drôle ».

Les Frères Cohen à la marocaine
Pour son premier film, le réalisateur marocain  Alaa Eddine Aljem est resté fidèle à son style et à ce qu’il aime dans le cinéma : le contemplatif, le sens, l’histoire, le décalé, l’humour. « J’aime le cinéma à la limite du contemplatif. On retrouve cela dans mes courts métrages, surtout le dernier. On est beaucoup dans la photographie. J’aime bien laisser l’œil se balader dans un cadre », confie celui qui avoue prendre beaucoup de temps avant de donner naissance à un cadre. Il est donc logique pour lui que le public puisse prendre le temps de l’admirer et de l’analyser. Ce film est sous forme de duos : Younès Bouab et Salah Bensalah sont les Saints Voleurs, Anas El Baz et Hassan Badida sont les Saint Guérisseurs (médecin et infirmer), et Bouchaib Essamak et Mohamed Naimane sont les Saints de la Pluie (père et fils agriculteurs). Ils évoluent tous dans ce village à la limite du réel, dans un Sud marocain désert, où tout est fondé sur un comique de situations. « J’avais besoin de duos pour avoir des regards, des postures, des interactions tout simplement, qui soient autres qu’un personnage qui traverse une action. Ici, les personnages sont accompagnés quelque part et réagissent ». Ce film vient de sortir en France et sera projeté très prochainement au Maroc.

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