Matt Kuchar

Le sourire du colosse

Matt Kuchar
A 41 ans, Matt Kuchar est un des joueurs les plus aimés du top 20 mondial. Arborant un éternel sourire, ce colosse d’1,93 mètre n’a plus qu’un désir en tête : remporter son premier titre majeur.
Dans les tournois, la foule scande à son passage : « Koosh, Koosh, Koosh ». C’est comme un chant incantatoire à l’adresse de Matthew Gregory Kuchar, dit Matt Kuchar, un des joueurs les plus aimés du PGA Tour. Le Floridien répond à ces manifestations d’amour du public par un large sourire. Un sourire qui ne le quitte jamais. Mais en février dernier, un incident met légèrement à mal sa légende de golfeur sans histoires. La presse révèle alors un conflit entre le champion et un caddy.
Rappel de l’histoire : en novembre dernier, l’Américain remporte un huitième titre sur le PGA Tour, le Mayakoba Golf Classic, au Mexique. À ses côtés, David Ortiz, un caddy local recruté pour le tournoi. Ce jour-là, Matt Kuchar empoche un chèque de 1 296 000 dollars et reverse… 5 000 dollars à son caddy. La règle non officielle veut qu’un caddy régulier touche 10 % des gains du vainqueur. Se sentant lésé, le caddy mexicain confie sa colère à l’agent de Kuchar. L’affaire prend alors de l’ampleur et le champion est sommé de s’expliquer.

Après quelques jours de justifications embarrassées, il consent finalement à reverser 50 000 dollars au caddy. Les tournois suivants, Matt Kuchar se fait chambrer par quelques spectateurs, puis l’affaire rentre dans l’ordre. Quelques semaines ont été nécessaires pour qu’il retrouve sa côte d’amour auprès des fans.

Après sa victoire à l’US amateur 1997 (un an après avoir été battu en demi-finale par un certain Tiger Woods), Matt Kuchar, arrière-petit-fils d’Ukrainiens ayant fui la révolution d’Octobre 1917 en Russie, est la grande révélation du Masters 1998 (il s’y classe 21ème) et de l’US Open de la même année (il termine 14ème). Les spécialistes promettent à ce jeune géant d’1,93 m monts et merveilles, dès qu’il passera professionnel. Consultés, les joueurs pros le poussent à abandonner immédiatement son statut amateur. « Bats le fer quand il est chaud », lui disent-ils. Seul le regretté Payne Stewart le met en garde : « Tu pourras jouer sur le circuit pendant 25 ans mais tu ne rattraperas jamais les deux années qu’il te reste à l’université ».

Etudiant à Georgia Tech, Matt Kuchar décide alors de poursuivre ses études. Diplôme en poche en 2000, il se trouve même un travail dans la finance à Boca Raton, en Floride, et son patron lui vante la carrière de Bobby Jones qui a poursuivi de pair son métier d’avocat et sa brillante carrière amateur. L’idée est séduisante mais, en septembre 2000, Matt décide de franchir le pas et de passer pro. Deux ans plus tard, il remporte la première de ses 9 victoires sur le PGA Tour, au Honda Classic.

À l’inverse de ses compatriotes, Matt Kuchar est un voyageur infatigable, une qualité héritée de sa mère. Il parcourt le monde de tournoi en tournoi, emmenant dans ses bagages, femme et enfants. D’ailleurs, ses deux garçons (Cameron et Carson) ne sont pas scolarisés. Ils voyagent avec un professeur particulier. Le monde qu’ils découvrent est leur école.

À 41 ans, Matt Kuchar est aujourd’hui un champion accompli qui a connu les victoires dans les grands tournois comme le Players Championship, la place de n° 1 américain et des sélections en Ryder Cup et en Presidents Cup. Seule ombre à ce tableau idyllique : l’absence d’un majeur à son palmarès. C’est à l’Open britannique 2017 au Royal Birkdale qu’il connaît sa meilleure chance quand, à quelques trous de la conclusion du tournoi, il est au coude à coude avec Jordan Spieth.

Après la remise des prix, Spieth, la Claret Jug dans la main, va voir les deux garçons de Kuchar et leur confie : « Vous pouvez être fiers de votre père. Pas seulement parce qu’il est un grand champion mais parce qu’il est quelqu’un de bien et qu’il est un père formidable ». Tout est dit. Matt Kuchar est un grand homme.

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