Le bon numéro
A 23 ans, Jeongeun Lee6 est le grand espoir du golf mondial féminin. Cette Coréenne, arrivée cette saison sur le LPGA Tour, vient déjà de remporter l’US Women’s Open.
Pas facile d’être une Coréenne sur le LPGA Tour. Même si ces joueuses d’un autre continent dominent le golf féminin, elles ne sont pas toujours les bienvenues aux Etats-Unis. A lire certains titres de la presse américaine, elles sont même carrément ignorées. Ainsi, l’hebdomadaire Golf Week a consacré de longues colonnes aux 10 joueuses qui ont marqué la saison 2018 sur le LPGA Tour. Aucune Coréenne n’y figurait alors qu’elles avaient remporté 10 tournois dont 1 majeur ! Un problème qui n’est pas récent et remonte aux premières arrivées des Coréennes sur le Tour américain. Il s’est pourtant passé des années mais les victoires à répétition des Coréennes restent toujours en travers de la gorge des Yankees. D’ailleurs, l’incident qui a mis en cause l’entraîneur Hank Haney à la veille de l’US Women’s Open (voir notre numéro précédent) en est totalement banal, compte tenu du « Korean bashing » permanent des journalistes de golf outre-Atlantique. La meilleure réponse des Coréennes à ce mépris généralisé est de gagner, encore et toujours. Et sur ce plan, il est difficile de leur reprocher quelque chose : cette année, elles ont déjà glané 7 victoires sur le sol américain et on est tout juste à la mi-saison.
Parmi ces gagnantes, Jeongeun Lee6. Oui, vous avez bien lu, son nom est suivi d’un chiffre pour pouvoir la distinguer de ses autres homonymes. A force, la dernière vainqueure de l’US Open est devenue « 6 ». « Il y a six joueuses sur le KPLGA qui portent le même nom. J’étais la 6ème, et comme j’étais la plus jeune, j’ai ajouté ce chiffre à mon nom », explique celle que l’on surnomme également « Lucky6 ».
Pourtant, on ne peut pas dire que c’est une fille chanceuse. Quand elle avait quatre ans, son père, Jung Ho Lee, a eu un grave accident de voiture à la suite duquel il resta paralysé : « Quand je pensais à la situation familiale, je me disais que je devais passer pro de golf pour pouvoir leur venir en aide », se souvient la championne de 23 ans. C’est son père, condamné à sa chaise roulante, qui l’a poussée à se mettre au golf dès l’âge de 9 ans. « Pourtant, ce sport ne me plaisait pas. J’ai même arrêté de jouer entre 13 et 16 ans », avoue-t-elle. Mais à la sortie de l’adolescence, elle reprend le jeu sur de bonnes bases en changeant de coach et en tirant un trait définitif sur les erreurs techniques du passé. Et quand elle passe professionnelle, elle rafle tout sur le circuit coréen, terminant la saison 2017 et 2018 à la première place. C’est la tornade Lee6.
C’est sa coach Joon Lee qui lui suggère alors de tenter sa chance aux Etats-Unis. « J’étais effrayée par la taille des Etats-Unis. C’est 99 fois plus grand que mon pays, cela va faire beaucoup de voyages…», s’étonne-t-elle. De plus, comme nombreuses de ses compatriotes, elle ne parle pas l’anglais. Teinte en blonde (« J’adore cette couleur »), elle se présente en décembre dernier aux cartes d’accès au LPGA où elle s’impose haut la main. L’Amérique découvre alors cette drôle de fille qui lit ses lignes de putt qu’en s’accroupissant perpendiculairement à la ligne de putt, jamais derrière sssa balle. Six mois plus tard, caddeyyée par Adam Woodward (ex caddy de Charley Hull), elle remporte sa première victoire sur le sol américain, l’US Women’s Open, le plus grand tournoi féminin au monde (voir en page Buzz).
« La première fois que j’ai joué sur un tournoi pro en Corée, j’ai scoré 6 coups sous le par. Et là, je remporte l’open américain avec le score total de -6. Vous voyez bien que ce chiffre me porte chance… », s’en amuse avec un grand sourire la future n°1 du golf mondial féminin.
« La première fois que j’ai joué sur un tournoi pro en Corée, j’ai scoré 6 coups sous le par. Et là, je remporte l’open américain avec le score total de -6. Vous voyez bien que ce chiffre me porte chance… », s’en amuse avec un grand sourire la future n°1 du golf mondial féminin.