Fatim-Zahra AMMOR  Ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire

Fatim-Zahra AMMOR Ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire

Matheuse dans l’âme, diplômée de l’ENSTA (Paris), Fatim-Zahra Ammor a entamé sa carrière dans une multinationale avant de faire son entrée dans le groupe AKWA en 2001 en tant que Directrice Marketing. Parallèlement, elle s’est illustrée dans le pilotage d’événements de grande envergure comme le Festival Timitar à Agadir et le Concert de la Tolérance en 2012, puis en tant que Commissaire Générale du Maroc à l’Exposition Universelle de Milan en 2015. Nommée en octobre 2021, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale et Solidaire, Fatim-Zahra Ammor est en charge d’un ministère dont les secteurs d’activité ont été durement touchés par la pandémie de Covid-19. Autant dire qu’elle est attendue au tournant par les opérateurs du tourisme, les artisans et les acteurs de l’économie solidaire et sociale impatients que leurs activités renouent avec l’essor et la prospérité. Consciente du défi à relever, Madame la ministre est sur tous les fronts, réaffirmant avec conviction son intention de développter et de promouvoir intelligemment les secteurs relevant de son ministère, sans oublier de délivrer, en toutes circonstances, des messages d’optimisme.

Le tourisme interne est en plein essor. En 2021, il comptabilisait 70 % des nuitées contre 30 % avant la pandémie. Quelle stratégie envisagez-vous pour capitaliser sur cette situation avantageuse ? Bien que la pandémie sévisse toujours, comment envisagez-vous les mois qui viennent?
Le tourisme au Maroc a entamé sa reprise au lendemain de l’ouverture des frontières en février 2022. Cette reprise s’est accentuée depuis, grâce à tous les efforts menés par notre pays en matière de promotion de la destination et la mise à niveau de l’offre hôtelière. Le tourisme interne a fortement contribué à maintenir l’activité touristique pendant la fermeture des frontières. Son poids est, en effet, passé de 30 % en 2019 à 69 % en 2021. La crise a montré l’importance d’un tourisme interne puissant et résilient, c’est pourquoi, nous continuons de développer le tourisme interne autour de produits touristiques dédiés à la famille et désaisonnalisés permettant de lisser l’activité touristique sur toute l’année, une animation riche et attractive et un dispositif d’accompagnement comme les chèques vacances qui permettront le départ en vacances pour un plus grand nombre.
S’agissant des perspectives du secteur pour les mois à venir, nous sommes très confiants au vu des efforts déployés pour sécuriser un nombre important d’arrivées, notamment grâce à une desserte aérienne permettant l’accès à plus de destinations et avec une plus grande capacité aérienne, des partenariats avec des tours opérateurs et des campagnes de promotion interne et externe comme « Maroc, Terre de Lumière » et « Netlakaw F Bladna ». Ces efforts ont été également accompagnés de mesures incitatives destinées à améliorer l’attractivité du Maroc comme le lancement dernièrement du visa électronique.
Le Maroc est une formidable destination golfique. Ce potentiel est-il suffisamment mis en valeur ? Quels sont les chiffres du tourisme golfique ?
Le Maroc recèle un potentiel golfique important. Nous disposons actuellement de plus d’une quarantaine de parcours à travers tout le Royaume moyennant des infrastructures très modernes. Notre ambition est d’intégrer le golf
dans un écosystème de produits touristiques exclusifs à destination de touristes à la recherche d’expériences inédites et luxueuses, pour augmenter sa contribution aux arrivées, qui reste aujourd’hui difficile à chiffrer.
À rappeler que le Maroc a abrité du 14 au 17 octobre 2019, à Marrakech, le salon International Golf Travel Market « IGTM », le plus important salon international de l’industrie des voyages golfiques. Un événement qui a réuni plus de 1 300 professionnels et décideurs de l’industrie golfique mondiale (tours opérateurs, resorts golfiques, hôtels, parcours de golf, compagnies aériennes, offices de tourisme) et qui a constitué une véritable plateforme de promotion et de commercialisation du produit golfique marocain à l’international.
 
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La nouvelle campagne internationale « Maroc, Terre de lumière », a été lancée dans 19 pays. Elle donne une image résolument jeune et dynamique du royaume. Quel est le message principal qu’elle entend transmettre ? Et quelle est sa cible ? La campagne « Maroc, Terre de Lumière » cible les marchés émetteurs internationaux. Elle vient traduire la richesse et la singularité de l’expérience Maroc tout en la différenciant des autres destinations. Elle tend aussi à ins- pirer et stimuler l’envie de visiter le Maroc en le positionnant comme une destination to-do.
La pandémie a mis à mal le secteur de l’artisanat qui est étroitement lié au tourisme. Mais nombre de sites de e-commerce ont vu le jour. Comment se porte l’artisanat marocain ?
Le secteur de l’artisanat a été fortement impacté par la pandémie. Cela étant, depuis la reprise de l’activité, ce dernier enregistre des performances au vert dont un volume d’exportations en croissance de 30 % à fin mai 2022 comparé à la même période de 2021. Cela témoigne de l’intérêt porté au produit artisanal marocain, plus particulièrement par nos marchés stratégiques à savoir, les États-Unis, les pays arabes, la France, l’Espagne et l’Allemagne.
Quelles mesures ont été mises en place pour accompagner les artisans et les autres acteurs de ce secteur ?
La pandémie a mis en exergue la fragilité du secteur. Les mesures d’accompagnement reposent ainsi sur deux principaux axes. D’abord, la structuration du secteur à forte empreinte informelle. Dans ce sens, notre objectif a été d’identifier dans un premier temps les artisans à travers le lancement du Registre National de l’Artisanat pour les intégrer très rapidement dans l’AMO. Pour rappel la généralisation de l’AMO est un projet royal qui revêt une importance capitale pour notre gouvernement. Les artisans, qui sont au nombre de 2,5 millions au Maroc, font partie des cibles prioritaires de cette généralisation.
Le deuxième axe porte sur l’amélioration du produit de l’artisanat pour augmenter ses exportations à travers la création de centres d’excellence destinés à l’accompagnement des artisans sur toute la chaine de valeur : approvisionnement, amélioration du design, amélioration de la productivité, accès aux marchés et aussi le développement du capital humain.
Quelle est la stratégie de promotion de l’ar- tisanat aux plans national et international ?
Notre stratégie pour la promotion de l’artisanat en interne repose sur le référencement des produits dans les espaces de vente physiques et de grande affluence. Nous avons réalisé une première opération dans les espaces commerciaux d’Aradei qui sera généralisée à plusieurs autres villes du Royaume. Nous avons aussi inscrit cette promotion dans l’ère du digital, à travers plusieurs partenariats avec des sites e-commerce pour diversifier les sources de revenus des artisans. Sur une échelle internationale, notre objectif est de faire connaître la richesse du produit artisanal à travers la participation aux foires et expositions internationales, qui permettent aussi d’explorer des opportunités de partenariat pour la commercialisation des produits de l’artisanat auprès des marchés étrangers.

 PAR CAROLE BELAHRACH

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